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Mon Petit Séminaire (Bretagne Magazine)

L’écrivain Jean-François Coatmeur raconte pour la première fois ses années de petit séminaire, à Pont-Croix (Finistère).

Longtemps, j’ai boudé Pont-Croix. Je me suis ingénié à l’éviter, j’ai proscrit de mes loisirs l’avenante bourgade, la verte campagne et sa jolie rivière. Pour me rendre à Audierne ou à la Pointe, je rusais, je m’inventais d’invraisemblables détours, j’étais voué aux itinéraires bis et aux voies de traverses.

La raison de cet ostracisme je vous la livre, dans son extravagante ingénuité : Pont-Croix demeurait après tant d’années affligé de la tare, rédhibitoire à mes yeux, d’abriter les bâtiments aujourd’hui déchus, dans lesquels je fis mes études secondaires le ci-devant Petit Séminaire.

Je n’ai jamais aimé cet établissement, très vite en mon for intérieur je l’ai répudié. J’y passerai néanmoins sept ans. Je précise d’emblée que j’y suis enté librement, sans pression familiale aucune et qu’à tout moment j’ai eu l’opportunité de tirer ma révérence. Je n’en ai pas usé. Efforçons-nous d’y voir un peu plus clair.

Jean-François Coatmeur premier communiantEt d’abord, pourquoi y suis-je venu ? Le processus en a été très classique. A l’école publique de Pouldavid, « Je travaillais bien », selon la formule consacrée, et j’appartenais à un foyer pratiquant : ces deux atouts allaient immanquablement attirer l’attention d’un clergé au prosélytisme toujours sur la brèche. Et comment mes bons parents, sollicités par le curé de la paroisse, n’auraient-ils pas accueilli avec faveur la proposition ? C’était un grand privilège pour nos familles chrétiennes de donner, comme on disait, un de ses fils à l’église, ma mère, en particulier, en aurait été très heureuse.

L’institution Saint-Vincent de Pont-Croix nous offrait un autre avantage : sa proximité, à treize kilomètres de la maison familiale ce qui était censé rendre la coupure moins cruelle et faciliter les échanges. Une fausse proximité on l’observera plus loin. Enfin le football a pu jouer son rôle. Plus précisément un jeu de vieilles photos de footballeurs en herbe, reliques jaunies léguées par un tonton qui, lui-même, au début du siècle, fréquenta l’établissement. J’entretenais déjà à l’époque une prédilection marquée pour ce sport et la perspective de revêtir moi aussi bientôt le seyant maillot de l’Etoile Saint Vincent m’a électrisé. J’ai dit oui. Et voilà comment on se retrouve embarqué, pour un long voyage. Je n’avais pas douze ans.

L'équipe de foot du Petit Séminaire de Pont-Croix (1943-1944)
L’équipe de foot 1943-44 : Jean-François, debout, 2ème à partir de la gauche

Y ajouter sans doute la satisfaction altière de me démarquer de mes petits camarades du village, promis, eux, à des parcours scolaires écourtés, en accédant aux études secondaires dans un établissement à la flatteuse réputation. Vous aurez compris qu’à ce stade, la vocation, au sens étymologique d’appel divin, notion dont on nous rebattra par la suite les oreilles, ne tenait aucune place dans mon orientation. Je n’entrais pas au Petit Séminaire, j’entrais au collège de Pont-Croix.

J’ai été un reclus sans histoire, qui pourtant n’a jamais accepté sa prison. Pourquoi ne m’en suis-je pas évadé ?

La désillusion ne tardera pas. Comme fut mal vécu la séparation ! Mon Dieu, comme j’ai pleuré les premiers soirs dans le vaste dortoir impersonnel, sous la lueur funèbre des veilleuses ! Adieu, les petits camarades des franches équipées sur l’anse ou dans les garennes de Pouldavid, voici tes nouveaux compagnons ! Ils sont souvent bourrus, parfois frustes. Issus de lointaines campagnes, avec une forte dominante léonarde, ils paraissent ravis de leur sort, en tout cas ils n’affichent pas d’états d’âme, on jurerait qu’ils ont le règlement dans le sang. Toi, par contre, tu as l’humeur ombrageuse, quasi sauvage, une sensibilité à fleur de peau, tu n’étais pas fait pour l’enfermement dans ce rude univers d’hommes. Tu t’en aperçois à tes dépens, très vite. Tu vas cependant essayer de te couler dans le moule. Trop orgueilleux pour exhiber tes bobos intimes. Tu donneras l’impression à la plupart d’y être parvenu. Oui, au Petit Séminaire, de la 6″ à la philosophie. j’ai été un pensionnaire comme les autres. Un reclus sans histoire, qui pourtant n’a jamais accepté sa prison. Pourquoi ne m’en suis-je pas évadé ?

Balayons les ricanements des sots qui me prêteraient duplicité et calculs. Mais, à plus de soixante ans de distance, je ne suis pas certain moi-même de posséder toutes les clés d’une attitude qui a troublé plus d’un ami et dont je mesure le caractère irrationnel. J’avancerai une ou deux explications.

En priorité, une détermination farouche : ne pas décevoir mes parents, si fiers de m’avoir. au prix de quels sacrifices, ouvert la voir royale. Et puis l’amour-propre, le panache, le refus d’admettre l’échec, une sorte de défi – je m’en créerai quelques-uns par la suite – que je me lançais à moi-même. Serre les dents bonhommes, tu en as vu d’autres !

Mais quid de la vocation ? II est évident qu’au fil du temps s’est imposée l’idée que l’issue normale de mon séjour au Petit Séminaire était la prêtrise. Pas de pilier de Notre-Darne à la Claudel pour moi. Ni, en pastichant Virgile, de message d’En-Haut « Tu eris sacerdos ! » Mais une réflexion, parfois sereine, plus souvent tourmentée, avec des bouffées de ferveur, des décrues et des élans : sept années de ce que l’on peut sans malignité considérer comme un patient lavage de cerveau atteignent fatalement un jour la cible. Le problème empoisonnera toute ma terminale et encore l’été suivant.

Jusqu’à ce matin d’octobre 1944 où, coupant court à des mois d’un épuisant yoyo spirituel, je prends la décision, ô combien dramatique, de ne point entrer dans les ordres. Je n’ai jamais regretté d’avoir eu ce courage, il m’aura épargné, j’en demeure persuadé, de très lourds mécomptes.

J’ai dit en exorde comment, pendant de très nombreuses années, j’avais gommé cette tranche de ma vie el les effets pervers, parfois ridicules, d’une pareille censure. Du temps a passé, ce temps qui embellit, ou estompe, ou durcit le trait. Sincèrement soucieux d’être enfin impartial, je suis conscient que des préventions en moi ne sont pas mortes. Mais quoi, je ne rédige pas une thèse, je fais couler mes souvenirs, avec leur charge de frémissements, de révoltes, de regrets, de blessures mal cicatrisées. J’écoute se vider mon âme.

Alors, que saint Vincent me pardonne, je ne cacherai pas que certaines pratiques sui-generis du Petit Séminaire me sont restées en travers de la gorge. Et en premier lieu, dans cette maison emblématique de la religion, la connivence de fait avec l’injustice sociale. Pour bien cerner le sujet, il convient de noter que, contrairement à une opinion répandue, les études à Pont-Croix étaient payantes, on avait simplement prévu deux classes, comme à Ia SNCF deux régimes qui s’y côtoyaient, en fonction des revenus des parents. Ceux des miens étaient très modestes, j’étais donc, très règlementairement, privé de dessert, la faculté m’étant toutefois octroyée, si cela me chantait d’aller quémander un biscuit, à la porte de leur réfectoire particulier, auprès d’un des enfants plus fortunés. Système inique, dont la réminiscence me scandalise encore. La guerre abolira ce misérable apartheid réduisant riches et pauvres à la portion congrue.

Elle pimentera aussi nos routines studieuses d’un grain de fantaisie. Contraint et forcé, l’établissement accueillait la Wehrmacht, qui lui raflait ses meilleures salles, ses cours, ses préaux et nous connaîtrons la promiscuité des chars d’assaut, des motos pétaradantes et des chœurs nostalgiques de l’occupant.

La diversion était la bienvenue mais elle ne suffisait pas à faire sauter le couvercle de l’austère autoclave mystique où nous marinions. La vie continuait de battre à notre porte mais nous ne l’entendions pas, on nous avait rendu sourd. Et ce sera mon second grief : par la volonté de ceux qui nous gouvernaient, même l’Allemand implanté dans nos murs, nous demeurions coupés du monde. Le monde extérieur, ses séductions et ses pièges. Le monde normal ou la femme cohabite avec l’homme.

J’ai écrit le mot femme. Oui, la femme, depuis Eve l’éternel tentatrice, L’Ennemie. Elle n’avait pas droit de cité chez nous et en le lui faisait bien voir. Vous rappelez-vous, mes camarades, le surveillant qui, en ces rentrée d’octobre, circulait entre nos rangs à l’étude du soir, armé d’une paire de ciseaux, avec laquelle il découpait les pauvres nudités des musées nationaux illustrant les pages glacées de nos Larousse ?

Écoutez encore. Il est un domaine au moins où le Petit Séminaire fut un pionnier, qui, le premier en France, pour le congé de mi-semaine, adopta le mercredi… Au détriment du jeudi, traditionnellement jours de foire aux bestiaux à Pont-Croix, d’où le risque de pollutions pour nos sèves adolescentes : imaginez un peu, vade retro, Satanas ! Qu’il nous advînt, pendant la sortie en ville, de frôler dans la foule la croupe dodue de quelque aguichante fermière ?

L’impureté ! En aurons-nous entendu clamer les ravages par la bouche de nos maîtres ! Elle rôdait partout, dans nos dortoirs, dans nos salles de classe, sous le cloître, à la chapelle. Le mal suprême, le pourvoyeur patenté des flammes de l’enfer dont on effrayait nos vierges sensualités.

De pareilles mises en condition laissent des traces et Dieu sait la masse de refoulements et d’obsessions qu’elles ont engendrés ! L’homme que je suis leur doit son lot de frustrations et d’éclatantes revanches, l’écrivain, merci saint Vincent y puisera quelques-uns des sucs de son inspiration. Mais, vous l’avouerai-je, j’ai plus d’une fois songé avec compassion aux problèmes des jeunes desservants de paroisses, mes condisciples, lâchés a vingt-cinq ans en terra incognita et bombardés ès qualités directeurs de conscience de leurs belles pécheresses.

Je n’oublie rien, et surement pas que Pont-Croix m’a fait en grande partie ce que je suis, pour le meilleur et pour le pire

On m’objectera : « Vous êtes injuste et ingrat Comment pouvez-vous laisser dans l’ombre tout ce que vous a apporté le Petit Séminaire, ne serait-ce que cet accès aux humanités, assise de votre métier ? »

Je ne crache pas dans la soupe. Non, je n’oublie rien, et sûrement pas que Pont-Croix m’a fait en grande partie ce que je suis, pour le meilleur et pour le pire. Pour le meilleur, un féal de l’antiquité gréco-latine, un familier de nos grands auteurs classiques, un fervent de musique, car s’il y a un domaine ou l’établissement me semble avoir bien rempli son contrat, c’est assurément ce dernier et je lui suis reconnaissant à jamais de m’avoir fait aimer Beethoven. Et pour le pire…

Appliquons-nous à être objectif. Tenons compte de l’air du temps, de la prodigieuse accélération du siècle – dans maint autre secteur, le Moyen-Age est encore à nos portes – de l’état de guerre, qui avait décimé le corps enseignant : il fallait bien boucher les trous. Ce qui, par exemple, nous amènera en quatrième cet hurluberlu, jésuite, murmurait-on, en rupture de ban, personnage farfelu, précieux, pédant, ignare. J’ai eu de bons maîtres, j’en ai eu de médiocres, d’autres qui compensaient par un zèle admirable les lacunes de leur formation, des modèles de rigueur et des fumistes sans conscience. Mais enfin, c’est la loi universelle et ma propre expérience m’aura appris qu’ici comme ailleurs l’échelle des valeurs est sans limites.

Mes réserves visent donc moins les individus que la substance et l’esprit de leur enseignement. Elles ne concernent pas les matières scientifiques, peu vulnérables à la subjectivité mais les lettres, l’histoire, les langues modernes, ou plutôt la langue, l’anglais étant le seul parler allogène figurant à nos programmes.

Un des reproches sérieux que l’on me semble fondé à adresser à cette pédagogie est qu’elle était par essence livresque, démunie de cette hauteur de vues, qui ressortit à l’exigence culturelle. Le par-cœur était roi et la seconde main. Ah, les ineffables aide-mémoires historiques que nous avalions, besogneusement concoctés pour le bac, une année par ligne tout le XIX° siècle ramassé en deux feuillets grand format ! A l’exception de Corneille, Racine, Molière et La Fontaine (pour ses fables, s’entend !), que nous pratiquions in-extenso, les écrivains nous étaient servis amputés, démembrés, éviscérés. Pas question de nous autoriser à aborder dans le texte Gargantua, Les Lettres Persanes ou Madame Bovary. Acharné à protéger nos jeunes âmes, un digne chanoine Calvet nous les fournissait en « ‘Morceaux Choisis », dûment dégraissés et aseptisés, saupoudrés de commentaires en forme d’exorcisation. Je vous parle d’un temps où l’index de Rome fulminait l’anathème, Voltaire était infame, Renan apostat, Zola corrupteur, et le catholique Mauriac sentait le souffre.

Mêmes frontières étroites et frileuses en langues anciennes. Imbattables en version grecque et thème latin, scandant à ravir l’Enéide, nous ignorions à peu près tout de la civilisation méditerranéenne. Quant à l’anglais, le joyeux drille, paix à ses cendres, qui de la sixième à la rhétorique eut la charge de nous en faire goûter les subtilités, il avait une faiblesse : il adorait chanter. La double conséquence en fut que le brave homme farcit nos cervelles, de « Swanee River » à « Home, sweet Home » et au « God Save The King » – notre façon à nous de résister à l’occupant et ce, dans un environnement en majorité d’esprit vichyste, coup de chapeau tout de même à l’artiste ! – d’un répertoire de refrains sans égal dans l’Académie mais que nous serons ad vitam aeternarn incapables d’articuler deux phrases correctes dans l’idiome de Shakespeare. Ces carences ne nous empêcheraient point de décrocher notre baccalauréat. Elles nous confrontèrent tous, un jour ou l’autre, au gouffre de nos lacunes que chacun, avec des fortunes diverses, dut s’échiner à colmater peu à peu et je porte témoignage qu’en ce qui me touche ce ne fut pas commode.

D’autres chapitres mériteraient le détour. L’hygiène par exemple : en l’espace d’une scolarité, de combien de douches ai-je été honoré à St Vincent ? Elles furent parcimonieuses et solennelles. Je revois le Supérieur, homme au demeurant fort distingué, promu grand ordonnateur des ablutions et actionnant digne et rigide, la chaîne de commande du pommeau, tandis que l’eau gicle sur nos crasses rancies.

Plus gravement, étonnons-nous de l’indifférence de l’institution aux valeurs familiales. Ainsi n’ai-je jamais saisi au nom de quelle transcendance un gosse de douze ans se voyait interdit de Noël parmi les siens – nous débarquions chez nous le lendemain de la fête – ou banni tout un trimestre de son très proche village. Franchir les limites de la commune de résidence était classé « verboten », hormis au cours de ces marches forcées, trois par trois, pion aux fesses, baptisées abusivement promenades.

Promenade l'année du Bac (1944)
Promenade l’année du Bac : Jean-François, 3ème rang à gauche avec un béret
Au centre, Jean Suignard le prof de philo (avec un béret)

Mesures dont la stupidité m’afflige encore et qui secrétaient fort logiquement leurs antidotes. Ô l’enchantement des plaisirs interdits, lorsque, le dimanche grand-messe ouïe, après avoir trompé l’attention de notre Cerbère femelle, Ia sœur tourière, je pédalais avec ardeur vers ma Terre promise, sur un vélo de course emprunté à un prof complice, preuve éclatante que nos régents n’étaient pas tous inféodés au système !

Je chante à ma paroisse, fidèle en recherche, frondeur à l’occasion et anticlérical, raisonnablement

Et me voici au seuil de la difficile synthèse. Ces années d’une existence encadrée ne furent pas pour moi parmi les plus radieuses. Le Petit Séminaire ne mérite certes pas l’appellation d’enfer dont un critique ami l’affubla, en antithèse avec le paradis de mes dix ans. Internat à la discipline stricte et en bonne part rétrograde, il n’était pas un bagne, je dirai plutôt une caserne. Après le lever aux aurores, la journée – chapelle, réfectoire, étude, récréation, classe, réfectoire, etc. – était distribuée, au rythme de la cloche, selon une règle spartiate immuable qui, avec les lectures édifiantes au cours du déjeuner, perpétuait la tradition monastique de cet ancien couvent d’Ursulines. Ces écoles-là, dit-on, trempent les caractères. Le hic est que je n’ai pas la fibre contemplative, encore moins militaire.

Il n’empêche. Par ses dérives autant que par ses leçons et donc quelquefois à son corps défendant, le Petit Séminaire aura contribué à m’installer pour toujours dans le camp des humbles, de ces « affamés de justice » dont il est parlé aux Ecritures. Vaille que vaille, et comment ne pas lui en savoir gré, il a assemblé les premières pierres sur lesquelles j’ai bâti un métier. Comme les bêtes hibernantes, y ayant creusé une bonne fois mon trou, j’y ai grappillé les menus bonheurs du jour; en attendant la reverdie. Je lui dois quelques belles images, la mosaïque odorante sous nos pas de la sciure colorée et du marc de café aux processions de la Fête-Dieu, l’Avare interprété par la troupe Thuet – pardonnez-moi, mon Père, j’ai encore péché par omission, la caserne avait aussi son théâtre – des heures de rêve à la loterie de la Sainte-Enfance, la liesse dans les matins mouillés des départs en vacances par le tortillard d’Audierne, l’enchantement aux visites de maman, les bonheurs à la chorale, à l’harmonium, au saxo, ce but acrobatique que, capitaine un tantinet chanceux, j’infligeai à l’excellent gardien de la « Stella-Maris » de Douarnenez… quelques amitiés préservées, rares et précieuses.

J’ai connu à Pont-Croix, je n’ai pas pu le taire, l’endoctrinement, c’est de cette manière que le Petit- Séminaire estimait remplir sa mission. Ce type d’apprentissage ne va pas sans déchets et la nausée pointe au bout du gavage. J’aurai pourtant résisté à tout, aux quatre ou cinq séances de prosternations obligées le dimanche à la chapelle, aux flopées de retraites et de récollections, aux sermons en boucle, aux confréries dévotes, aux sacro-saintes pénitences du samedi, aux « Benedicamus, Domino » du réveil et aux « ln manus tuas » du soir.

II faut croire que le fond ancestral était costaud, je ne suis pas devenu mécréant, je chante à ma paroisse, fidèle en constante recherche, frondeur à l’occasion et anticlérical, raisonnablement.

Le 5 août 44, à Pouldavid, deux mois après mes adieux à Saint-Vincent et au terme de sept heures d’angoisse au mur des otages, j’échappai par miracle à la mort. Sept années, sept heures, il arrive que l’histoire rabâche. Deux jours plus tôt, un tout jeune prêtre de Landeleau était assassiné par les Allemands dans l’exercice de son ministère. Il se nommait Jean Suignard, il avait 24 ans, c’était mon prof de philo, une intelligence d’exception et un cœur pur.

Vous ne serez donc pas surpris qu’en exergue à ce récit de mon aventure au Petit Séminaire de Pont-Croix avec infiniment de respect et d’affection, j’ai tenu à saluer sa mémoire.

Le Petit Séminaire transformé en espace culturel (2021)
Le Petit Séminaire transformé en espace culturel (2021)

[Mise à jour : 27 juillet 2022]