Hervé Coatmeur, un anar en rupture
Il est aisé de trouver des références religieuse catholique dans la vie de Jean-François Coatmeur : études secondaires, comme son oncle Alfred, au Petit séminaire (Pont-Croix), suivies d’études supérieures à l’université catholique (Angers). Une tante, sœur de sa mère, religieuse (Aline, Sœur François Liberman). Deux cousins germains du coté paternel prêtres : Albert et Alexis Coatmeur (ce dernier toutefois quittera les ordres, au grand scandale de sa famille, pour se marier, et devra « s’exiler » dans le sud de la France). Un cousin germain du coté maternel prêtre : André Guellec.
D’où alors peut venir le coté rebelle, défenseur des opprimés que l’on retrouve dans l’auteur des Sirènes de minuit et de La nuit rouge, ouvrages où l’on sent un de besoin de défendre les opprimés ?
Peut-être en partie de son oncle Alfred qui, tout en s’affirmant dans les années 30 de droite proche des Croix de feu, n’a pas hésité à risquer sa vie pour défendre des juifs pendant l’occupation, ce qui lui valut, avec son épouse Augustine, d’être proclamés Justes parmi les Nation par Yad Vashem (voir la page consacré à Alfred).
Cette sensibilité lui vient sans doute également de son parent, coté Coatmeur cette fois, Hervé Coatmeur.
Né à Douarnenez le 28 octobre 1879, il part avec ses parents pour Brest vers ses 5 ans : son père menuisier pense trouver du travail plus facilement dans la cité de l’arsenal que dans le port sardinier. A 7 ans, nait une sœur, Marie, qui décède l’année suivante en 1887. Dès 1905, il milite dans le mouvement anarchiste, montrant même une forme de violence qui lui vaudront plusieurs condamnations et incarcérations. En 1914 il est réformé pour « affection cardiaque et rénale » (on peut également imaginer que l’armée ne souhaitait pas vraiment avoir dans ses rangs un élément qui aurait pu plus démoraliser les troupes que les inciter au combat !).
Une de ses premières interventions remarquée le fut à l’occasion d’un meeting de soutien à des salariés de l’arsenal mis à pied pour trois mois :
Deux ans plus tard, en 1907, il n’hésitait pas à faire le coup de poing avec les forces de l’ordre :
C’est vers 1911, inspiré par ses lectures, qu’il se reconnait de plus en plus dans les idées du philosophe Han Ryner, abandonnant la violence et prônant le retour à la nature. Il crée alors le journal « Le Sphinx », revue « Naturienne » dans laquelle passeront toutes ses économies.
Hervé Coatmeur finira sa vie fort démuni. Il meurt le 9 septembre 1944 pendant la libération de Brest dans l’explosion de l’abri Sadi-Carnot. A ce titre, paradoxalement, clin d’œil de l’histoire, l’anar en perpétuelle révolte recevra la mention « Mort pour la France »
Retrouvons ci-dessous un portrait d’Hervé Coatmeur réalisé par Jean-Yves Guengant pour la revue Les cahiers de l’Iroise et qu’il nous a autorisé à reproduire :
Le naturien Hervé Coatmeur un anar en rupture-radicale