Rencontré au salon «Noir sur la ville» à Lamballe – le même jour de ma rencontre avec Francis Mizio – Jean-François Coatmeur et moi avons échangé quelques mots, juste le temps de lui présenter mon projet en lui demandant une interview. Avec son accord favorable et un numéro de téléphone, voici cette entretien, quelques semaines plus tard, sur son roman « La porte de l’enfer » édité au Livre de Poche.
Propos recueillis par Benjamin Duquenne
Bibliopoche.com – 2000
Pourquoi avoir choisi une femme, héroïne du roman et que vous faites parler à la premier personne du singulier ?
Génia est l’un des personnages principaux du roman, à côté de Valois, Kergloff… Sa riche sensibilité est, un atout majeur pour le récit, et c’est l’emploi de la lère personne qui m’a paru le mieux convenir à une analyse poussée de son âme torturée.Je rappelle qu’à plusieurs reprises déjà j’ai osé m’immerger dans les abysses du cœur féminin expérience difficile et passionnante. (cf. par exemple l’Aude de « La nuit rouge » et la Patricia de » Narcose ».)
Il semble qu’il y ait beaucoup de vous en Valois ?
Oui et d’abord parce qu’il est comme moi écrivain et qu’il exprime des points de vue qui me sont personnels, ma conception, entre autres, du roman policier et de ses avatars. Mais je suis aussi présent dans Génia, dans Steinert, même dans Kergloff.
Kergloff, pour les non initiés et les autres, existe-t-il vraiment tel que vous le décrivez ?
Si vous parlez de l’homme, il est surtout pour moi l’incarnation du mal. Si vous faites allusion au manoir, c’est un lieu de pure imagination, inséré dans un décor authentique.
En analysant, après avoir lu le livre, il m’a semblé que globalement, même si l’énigme est très présente, vous accordiez plus d’importance au comportement et aux états d’âmes des personnages qu’à l’énigme en elle-même.
Sans doute. Dans cet ouvrage, comme dans les autres, les personnages sont prioritaires. Je traite rarement l’énigme pour l’énigme.
On ne connaît qu’à la fin les agissements du comte de Kergloff mais j’ai été, pas déçu, mais insatisfait, comme un goût d’insuffisant devant l’énigme de Kergloff. J’aurais aimé plus de mystique, de détails, d’explications en fait.
J’enregistre votre sentiment. Je croyais avoir suffisamment élucidé le mystère, dans les limites toutefois, que je m’impose, de la rigueur dramatique. Je déteste les interminables explications finales, qui sont les parties mortes d’un roman policier. Exemple, les cinquante dernières pages du livre » Les rivières pourpres » de J.C. Grangé.
Pourquoi faire mourir un enfant ? Est-ce pour choquer ?
Pour choquer, quelle idée ! Mais des enfants, hélas, meurent aussi chaque jour. L’enfant est la victime innocente par excellence, et, après mon maître Thomas Narcejac, je conçois le suspense avant tout comme le roman de la victime.
Y-a-t-il un message dans votre livre concernant les sectes ?
Il s’agit ici d’une secte très particulière, réunissant quelques viveurs fortunés. Si « message » il y a, il est toujours le même (cf. par ex. mon livre « La Bavure ») : l’argent est corrupteur.
Vous avez fait passer Kergloff comme quelqu’un qui sait se maîtriser et sait manipuler. Vous semblez vous rattachez à une description populaire des » gourous » de secte. Est-ce exprès ?
Dans les sectes il y a les gourous et les gogos. Kergloff utilise à son profit les appétits jouisseurs de quelques nantis dépravés.
Pour la conception de ce livre, vous avez dû pal mal bouger dans votre département pour décrire aussi bien Morlaix et ses environs !
Comme pour mes autres livres, oui, j’ai effectué avec sérieux repérages et études de milieux. Morlaix et le Yeun Elez m’étaient assez familiers ? j’ai affiné mes connaissances.
Pour terminer, votre livre m’a donné envie d’aller découvrir les coins de Bretagne que vous décrivez si bien dans votre livre !
Merci, c’est pour l’auteur la plus belle des récompenses…
Quelles vont être vos prochaines parutions au format poche dans le courant de l’année ?
En avril, réédition de » Ballet Noir » au « Livre de Poche ». En mars, sans doute, reparution à Liv’Editions » de « J’ai tué une ombre sorti précédemment chez « Denoël ».