J’ai tué une ombre
[Temps de lecture : 2 minutes]Rappelé d’urgence à Abidjan, un négociant en bois y apprend la mort de son épouse, noyée accidentellement. Le coup est dur à encaisser dans le climat étouffant de la Côte d’Ivoire à la saison des pluies, qui amoindrit défenses et volonté. Pourtant, certains indices l’amènent à mettre en doute la version officielle du décès. Avec son ami Max, il va tenter d’élucider l’affaire. L’enquête n’est pas sans risque, mais il ira jusqu’au bout, dans l’ambiance délétère de la colonie des années 60 où aucune avanie ne lui sera épargnée. D’incroyables surprises en cruels coups de théâtre, l’intrigue menée de main de maître entretient jusqu’au dénouement un suspens véritablement éprouvant.
Secrets d’écriture
Le parcours de ce roman a été semé d’embuche. Une première version est écrite en 1961-1962 et est proposé, sous le titre « Ballet noir » au Masque pour le Grand Prix du roman d’aventure. Manuscrit non retenu par le jury. Coatmeur le propose alors à Denoël en 1962, puis, dans une version remaniée l’année suivante. toujours sous le titre « Ballet noir ». Denoël ne donnera jamais aucun retour… En visite dans les locaux de Denoël en juillet 1970 (au cours de laquelle on lui apprend que son livre « Baby-foot » est accepté), Coatmeur en profite pour remettre à Paul Guimard une 3ème version de son roman rebaptisé « J’ai tué une morte ». La troisième tentative sera la bonne. Ballet noir/J’ai tué une morte sortira en janvier sous le titre « J’ai tué une ombre ».
L’histoire du titre de cette énigme africaine aurait pu s’arrêter là, mais, en 2001 les édition Liv’Poche décident de ré-éditer ce roman sous le titre : « Outremort »
- Denoël – Crime-Club n° 299 (1972)
J'ai tué une ombre et la presse
Mefiez-vous Messieurs...
Jean-François Coatmeur est un auteur bien «français», qui utilise modestement le roman policier pour décrire la difficulté de communication, pour employer un mot à la mode. Dans ses livres, tous ses personnages se cachent derrière la trame des apparences dans laquelle s’engluent et le héros et le lecteur. A chaque apparence dévoilée, une autre se présente qui obscurcit le mystère et accentue l’angoisse. L’approche de la vérité fait mal. Dans le roman de J.-F. Coatmeur, elle va jusqu’à tuer.
Harlet, qui dirige une exploitation à Abidjan, revient après un séjour en France, dans la capitale africaine à l’annonce de la mort de son épouse. La jeune femme a été découverte noyée, défigurée, et seule une bague a permis son identification. Déjà le corps a été enterré en raison du climat. Harlet se refuse à croire à l’accident et commence l’enquête, enquête qui révélera l’autre visage de la jeune femme, celui d’une amante passionnée et sans scrupule. Harlet découvrira ausssi le piège diabolique…
L’action se déroule pendant la semaine de Noël. La fête de la Nativité sous la chaleur tropicale donne une curieuse sensation de monde à l’envers. Et augmente le malaise du lecteur.
J.-M. DY
Le Monde - 11 Février 1972
Lieu d'enfance
Sous le titre «Outre-Mort», Liv'Editions republie un livre de Jean-François Coatmeur paru en 1972 chez Denoël («J'ai tué une ombre»). Alors qu'il est en voyage d'affaires à Hambourg, Albert Harlet reçoit un télégramme de son frère Edouard : il lui faut rentrer d'urgence à Abidjan où il possède une scierie. Sur place, il apprendra que sa femme est morte noyée. Une morte qui l'attendra en chair et en os quelques jours plus tard dans leur maison pour fêter Noël... Comment ? Pourquoi ? Albert Harlet découvre alors une machination diabolique qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière ligne.
Le Télégramme - 5 septembre 2001
Outre-mort
Paru une première fois en 1972 sous le titre J'ai tué une ombre, et réédité ici chez un petit éditeur breton, Outre-mort appartient à la période africaine de Jean-François Coatmeur. On y sent l'influence de Boileau-Narcejac et en particulier des Diaboliques, mais le suspense psychologique est pimenté par une description assez étonnante du milieu colonial des années 1960, en l'occurrence la Côte d'Ivoire où l'on peut déjà deviner les préoccupations sociales qui serviront de toile de fond aux romans suivants de Jean- François Coatmeur.
Gérard Meudal
Le Monde - 5 octobre 2001