« Narcose », 1987 - Albin Michel - Spécial suspense

Narcose

[Temps de lecture : 3 minutes]

A Toulon, le lieutenant de vaisseau Alain Ménestrol assiste, avec sa jeune femme Patricia, au bal de la Marine. Les amis, la famille l’entourent, et ce qui devrait être pour lui une fête commence à devenir un cauchemar. Pourquoi? Que craint-il ? Et qu’espère-t-il en entraînant son épouse dans sa fuite soudaine? Une fuite que, bientôt, il vivra seul, traqué par des ennemis dont Patricia voudrait bien connaître le vrai visage. Car ces gens-là ne se contentent pas de menaces : ils torturent et ils tuent.

Dans ce captivant suspense, l’auteur de Yesterday fait découvrir un milieu qu’il connaît bien : la Marine, avec son code de l’honneur, ses servitudes, ses angoisses, ses joies. Mais pour la première fois dans son œuvre, Jean-François Coatmeur donne le premier rôle à un bouleversant personnage de femme : celle qui reste en marge et doit assumer non seulement l’éducation des enfants, les drames familiaux mais aussi la peur de l’inconnu : la jeune Patricia sera en effet brutalement confrontée à l’horreur.

Secrets d’écriture

Comment nait un roman ? Où se niche l’inspiration ? Pour le personnage de Patricia, épouse du lieutenant de vaisseau Alain Ménestrol, tout a commencé à 200 mètres de l’appartement de l’auteur lors d’une cérémonie religieuse…

«J’étais à l’église. Avec toutes les raisons que j’ai d’en vouloir à la religion, et en dépit des quatre offices que nous étions tenus de suivre le dimanche, je suis resté croyant (un miracle de Saint Vincent qui était le protecteur de l’établissement ! ). J’étais assez distrait et je n’écoutais pas l’homélie. Mes yeux sont tombés sur une femme que j’ai trouvée extrêmement belle. Je ne l’avais jamais vue et, jusqu’à la fin de la messe, Dieu me pardonne, j’ai regardé cette femme. J’ai trouvé que non seulement elle était très belle, mais aussi très triste. A force de la détailler, j’ai même fini par penser qu’il y avait de l’angoisse sur son visage. En sortant de l’église, j’en parle à mon épouse. Elle aussi avait admiré sa beauté, mais sans remarquer de la tristesse sur son visage. Nous sommes rentrés et, dans mon bureau, j’ai fait un petit croquis de cette inconnue et j’ai écrit une demi-page. Je ne peux pas expliquer pourquoi j’ai pensé que cette femme était mariée à un officier de marine embarqué sur le porte-hélicoptères Jeanne-d’Arc où il courait un grave danger. C’était assez stupéfiant ce que j’imaginais là : courir un grave danger sur la Jeanne-d’Arc…Ce genre de bâtiment militaire n’est pas un endroit où l’on peut trouver un tueur à gages à chaque coursive. En principe, c’est un endroit sûr ! Pourtant, j’ai imaginé cette situation spontanément. Les notes sont restées dans un carton pendant trois ans au moins. Et puis ayant terminé un bouquin, comme je fais toujours, je lis les petites esquisses ou notes que j’ai pu engranger. C’est le dessin qui m’a frappé d’emblée, puis j’ai péniblement déchiffré ce qu’il y avait dessous car j’écris très mal. Et c’est parti ! Je crois que physiquement mon héroïne, Patricia, est très proche de l’inconnue rencontrée. J’ai fait d’elle une Anglaise, par contre, par goût de la difficulté, sans doute ! Je voulais présenter une jeune femme mariée à un officier de marine. Je connaissais assez mal la Marine à l’époque ; j’en avais parlé dans Les Sirènes de Minuit, mais je l’avais fait à l’emporte-pièce et d’une manière un peu chargée, ce que je ne regrette en rien puisque cela correspondait à un moment de ma sensibilité. Pour Narcose, je souhaitais vraiment vivre la vie d’une famille de marins, et je me suis documenté en conséquence. Plus tard, alors que je terminais mon livre, j’ai revu mon inconnue, à la même place dans l’église, sur ma gauche. Je me suis demandé si c’était bien elle ou non ; quelque chose clochait. Elle était en effet accompagnée d’un homme dont les cheveux étaient coupés à la militaire et de deux charmants bambins. Cette femme n’avait rien à voir avec Patricia ; la vraie Patricia c’était la mienne… Oui, j’ai trouvé cette femme fade ! Elle représentait une sorte de bonheur tranquille, très loin du personnage tragique que j’avais conçu. Cette femme n’a jamais su et ne saura jamais qu’elle a inspiré ma Patricia… » (Rencontre avec Jean-François Coatmeur, 9 février 2000).

2012 – Entretien à Oufipo :

  • Albin Michel – Spécial suspense (1987)

Le Coatmeur nouveau débarque !

Tous les fans du polar attendaient avec une certaine fébrilité la nouvelle livraison de Coatmeur, le maître brestois du genre. La voici toute fraichement débarquée de la «Jeanne»: «Narcose».
D’une précision millimétrique, exacte jusqu’à la manie, l’écriture de «Narcose» le nouveau roman de Jean-François Coatmeur triture le temps, étire délicieusement heures et minutes au long de 281 pages d’un suspense calculé au 1/10° de seconde près par le talentueux auteur brestois.
Des ports Mac Orlan faisait autrefois jaillir la poésie. Dans ces carrefours de la mer Coatmeur décèle dans chaque ombre, derrière chaque visage, des lueurs de doute, d’inquiétude qui à Toulon vont faire basculer le quotidien d’une femme de marin dans un hallucinant cauchemard.
«Narcose» comme overdose ? Avec COATMEUR jamais.

G. Lenoir

Brest Magazine - Juin 1987

Suspense - Narcose

A Toulon, les courtes vacances de Patricia et Alain Menestrel – lieutenant de marine – sont assombries par le comportement inhabituel de ce dernier. Il rentre d’Athènes où il a passé deux ans comme conseiller militaire et doit réembarquer à Brest. Le voyage pour Brest est plus que mouvementé: tergiversation d’Alain, changements d’horaires et d’itinéraire, accident de voiture.
Alain embarque. Commence alors pour Patricia la longue attente des femmes de marin. Tandis qu’Alain tente de déjouer les pièges tendus à chaque escale, Patricia mène son enquête… Elle découvrira l’horreur…
Un très beau roman où la vérité des personnages s’ajoute à la qualité du récit.

Geneviève Poulet

La Vie - 21 octobre 1987

Auteur

Auteur de romans policier, Grand prix de littérature policière en 1976 pour Les Sirènes de minuit (Édition Denoël)