« Des feux sous la cendre », 1994 - Albin Michel - Spécial suspense

Des feux sous la cendre

[Temps de lecture : 2 minutes]

Une rescapée, Bernadette Mérou: on l’a retrouvée une nuit de janvier, gisant sur les rochers du port de Brest. Après sept mois d’hôpital, elle n’est plus qu’un être diminué, aphasique, sans mémoire. Une morte vivante.

Que faisait cette jeune fille sage, sur la corniche déserte, cette nuit là ? Pour quelle raison, l’après midi précédent le drame, errait-elle dans la ville comme un chien perdu ? Pourquoi s’intéressait-elle tant à cet « Africain », pensionnaire de la maison de retraite que sa famille semble délaisser ?
Face au regard de cire de la jeune infirme murée dans son terrible silence, ses parents et ses proches vont tenter de comprendre. Au bout de la route les attend l’innommable vérité. Et pour Bernadette, un autre cauchemar commence…

Secrets d’écriture

«Ce livre est le résultat d’une réflexion déjà ancienne et que j’ai également traitée dans ma nouvelle  » Bonhomme Soleil « , sur le thème de la vieillesse, notamment dans les maisons de retraite. J’ai visité assez longtemps un parent dans une maison de retraite, à Douarnenez. J’ai écouté, j’ai vu, j’ai senti et j’ai entendu des confidences, des détresses. Je reprendrai toute cette matière dans Des Feux sous la Cendre pour raconter l’histoire du vieux monsieur qui est grugé par son neveu. En fait, je voulais traiter le problème des vieillards dans leur grande misère et aussi dénoncer les combines pas très propres dont ils sont victimes. Une personne de mon village m’avait elle aussi raconté sa triste histoire, assez banale, m’a-t-on dit depuis. Elle avait été hospitalisée suite à une chute, et, comme elle était sans famille proche, ses neveux se sont occupés d’elle. Ils lui ont présenté un papier et une fois sa signature obtenue, les deux neveux très gentils ne sont plus jamais réapparus ni à Noël ni à un autre moment. J’ai eu l’occasion d’évoquer cette histoire lors d’un congrès mondial francophone organisé par la Résidence Louise Le Roux sur les moyens de distraction des résidents. J’y parlais du plaisir d’écrire et je m’excusais d’avoir cité ce cas que je croyais exceptionnel dans Des Feux sous la Cendre. Les réactions de la salle m’ont bien fait comprendre que cela existe assez souvent, malheureusement… A l’origine de l’histoire, il y a aussi mon éducation religieuse… » (Rencontre avec Jean-François Coatmeur, 9 février 2000).

Quelques éditions de « Des feux sous la cendre »

« Des feux sous la cendre », 2002 - Succès du livre « Des feux sous la cendre », 1996 - Le livre de poche

  • Albin Michel – Spécial suspense (1994)

Trous de mémoire

Son parcours breton, Coatmeur l’a commencé en 1963 en publiant au Masque «Chantage sur une ombre» dont l’action se déroule à Douarnenez et où on voit un vieux flic enquêter sur la mort mystérieuse d’un de ses proches. Après quoi, il l’a poursuivi durant une quinzaine d’années chez Denoël, d’abord dans la collection «Crime club» et ensuite dans la collection «Sueurs froides», laquelle aura été longtemps en France un véritable creuset du roman policier psychologique. Parmi la dizaine de livres publiés par Coatmeur chez Denoël, on détachera «Les sirènes de minuit», «Le mascaret» et surtout «La bavure» que viendra couronner, en 1980, le Prix Mystère de la Critique.
Depuis 1984, Coatmeur est édité dans la collection «Spécial suspense» d’Albin Michel où chacun des cinq romans qu’il a publié à ce jour a connu un joli succès de librairie. Et voilà à présent son sixième, «Des feux sous la cendre». Coatmeur, lit-on page 4 de couverture du livre est «un des seuls auteurs français de thrillers capable de rivaliser avec les maîtres anglo-saxons». D’une manière générale, ce genre de propos rapporté sans nuance par l’éditeur d’un ouvrage est toujours suspect. Mais, en l’occurrence, il n’est pas loin de rejoindre la vérité car ce qui caractérise l’écrivain breton et, en particulier ses derniers romans, c’est la densité. Il y a chez lui à la fois du John le Carre et du Ruth Rendell, c'est-à-dire une façon singulière d’épaissir l’intrigue et de fouiller l’âme de ses personnages, de les observer comme à la loupe à travers leurs moindres paroles et leurs moindres gestes. Ici, ils sont nombreux mais Coatmeur en détaille essentiellement quatre: Bernadette, une jeune fille qui, après un accident survenu à Recouvrance, est devenue amnésique, sa mère, son père et son ami Jean-Loup. Celui-ci et la mère n’ont qu’un but: essayer de savoir ce qui a provoqué l’accident de Bernadette. Et pour arriver à leur fin, ils vont remuer ciel et terre, se transformer en enquêteur de fortune, buter sans cesse contre des silences et des mensonges, rencontrer des gens hostiles et violents et, de fil en aiguille, se rendre compte que Bernadette avait une vie cachée et d’étranges et redoutables relations. Et, en même temps, ils vont, d’un périple à l’autre et de visite en visite, découvrir une Bretagne secrète, tout un monde en trompe-l’œil, tout un peuple de faussaires et d’imposteurs.
Il faut le reconnaître: «Des feux sous la cendre» est un thriller remarquable, construit et écrit avec un réel talent. «Violence sourde, angoisse feutrée, oasis de tendresse» mentionnait Maurice Perisset en 1986 en parlant d’un des précédents romans de Coatmeur, «La nuit rouge». Ces même ingrédients se retrouvent ici – et probablement ont-ils plus d’épaisseur encore. S’il était besoin de prouver que le thriller peut être une véritable esthétique du mystère, ce livre français en serait sans doute un des meilleurs exemples.

Alexandre Lous

Magazine littéraire - Janvier 1995

Des feux sous la cendre

Jean-François Coatmeur n’a plus rien à prouver: il a déjà raflé tous les prix: grand prix de Littérature policière, prix Mystère de la critique, prix du Suspense, sans compter les trophées régionaux dispensés par les cercles littéraires de sa Bretagne natale.
Au faite des honneurs, il pourrait se reposer sur sa moisson de lauriers; heureusement, il continue à écrire et livre à ses lecteurs un roman dans la grande tradition du roman policier français. «Des feux sous la cendre» est un livre horriblement noir, de ces ouvrages qui vous brûlent les mains, partagé qu’on est entre le désir de courir au dénouement et le plaisir de savourer, page après page, le déploiement d’une intrigue finement ciselée.
«Des feux sous la cendre» est un roman à quatre grands personnages: Bernadette 19 ans, Lin sa mère, Théo le père et Jean-François le fiancé. Bernadette est une morte-vivante depuis cette nuit de janvier où on l’a retrouvée grièvement blessée au pied d’une digue de Brest… Quand elle renaît à la vie elle a tout oublié. Mais sa mère, son fiancé, son père veulent savoir. Savoir ce qu’elle faisait ce soir de janvier, ce qu’elle avait vu, entendu ? Qui a voulu la tuer ? L’enquête menée lentement et douloureusement par les proches de Bernadette va aboutir au plus effroyable des dénouements.
Avec ces «Feux sous la cendre», J.F. Coatmeur se place à nouveau en tête des maîtres du suspense et rivalise avec les grands auteurs étrangers dont on a fait, un peu trop vite, les seuls spécialistes du thriller.

M. R.

Le Dauphiné Libéré - Vaucluse Matin - 2 janvier 1995

Des feux sous la cendre

C’est une fois de plus au cœur de sa Bretagne natale que Jean-François Coatmeur (avec un nom pareil il ne peut renier ses origines…) nous conduit, après «Les sirènes de minuit», «La bavure», «La danse des masques» ou encore «La nuit rouge» et une flopée de grands prix mérités (celui de la Littérature policière, du Suspense et Mystère de la critique). Au cœur de la Bretagne et dans le port de Brest, en particulier, au pied de rochers où l’on a retrouvé, une nuit de janvier, une jeune fille sanguinolente. Rescapée de l’horreur, vivante mais amnésique. Bernadette Mérou et son terrible secret. Sa mère, effondrée, tente de comprendre et recherche inlassablement, assisté du fiancé de la jeune fille, pourquoi une main meurtrière a tenté de tuer son enfant. Au bout de ces turbulences familiales, des plus sordides, la vérité sera là, enfin. Mais si terrible, si noire, si brutale que chacun en restera marqué à vie. Si ce polar là ne rafle pas un autre grand prix dans les mois à venir. C’est à désespérer de tous les jurys !

Nord Matin - Nord Eclair - 15 avril 1995

Auteur

Auteur de romans policier, Grand prix de littérature policière en 1976 pour Les Sirènes de minuit (Édition Denoël)