« La bavure », 1980 - Denoël - Sueurs froides

La bavure

[Temps de lecture : 2 minutes]

A Quimper, une femme et son fils sont assassinés dans des conditions particulièrement atroces. Le mari et père des deux victimes va entreprendre sa propre enquête afin de pouvoir les venger. Mais il se heurte à l’hostilité d’une partie de la police locale, cependant que les intérêts puissants qu’il dérange lui opposent un mystérieux tueur à gage.
Un suspense sans « Bavures », mené à un train d’enfer.

Éditions allemande, japonaise et tchécoslovaque de «La bavure»

« La bavure », édition allemande « La bavure», édition japonaise « La bavure », édition tchécoslovaque

« La bavure » est le premier roman de Jean-François Coatmeur a avoir été adapté pour la télévision (voir ci-dessous)

En 2012, Albin Michel rachète les droits de « La bavure » à Denoël pour l’inscrire à son catalogue.

  • Denoël – Sueurs froides (1980)
  • Prix mystère de la critique 1981

Musique

« Citons La Bavure et l’air  » Amazing Grace  » qui y revient en leitmotiv – un air que peu de gens connaissaient en 1976 et maintenant très populaire – pas à cause de moi, je suppose ! J’ai entendu cette mélodie pour la première fois dans ma voiture, une interprétation par les cornemuses britanniques de la Garde Royale, je crois. J’avais trouvé cela tellement beau que j’ai stoppé, j’ai griffonné quelques notes et je suis allé les chanter chez un disquaire qui m’a procuré l’enregistrement. Cela a été le point de départ de l’histoire de La Bavure. Dans le roman, cet air n’accompagne pas seulement les personnages, il joue également un rôle dans l’intrigue policière. L’inspiration m’est donc venue dans la voiture. » (Rencontre avec Jean-François Coatmeur, 9 février 2000).

Écoutez Amazing Grace

Un film TV

Patrick Préjan, Raymond Pellegrin et Maurice Chevit dans La bavure (1984)

Réalisation de : Nicolas Ribowski

Scénario de : Odile Barski & Jean-François Coatmeur

Année : 1984

Musique de : Vladimir Cosma

Mini-série en trois parties

Distribution :

  • Jean-Claude Bourbault : Laugel
  • Jeanne Goupil : Sophie
  • Raymond Pellegrin : Le commissaire Nargeot
  • Rachid Ferrache : Victor
  • Beatrice Agenin : Liz
  • Patrick Préjan : L’inspecteur Cadoc
  • Wladimir Yordanoff : Livier Fallière
  • Maurice Chevit : Lebras
  • Jean Desailly : M. Fallière
  • Mireille Audibert : Mme Fallière

La bavure

Depuis «On l’appelait Johnny» paru en février de l’année dernière, Jean-François Coatmeur n’avait pas donné signe de vie, ce silence ne laissait pas d’inquiéter ceux – et je suis du nombre - qui tiennent l’auteur des «Sirènes de minuit» pour un des meilleurs écrivains français de littérature policière, même si «Johnny» n’avait pas tenu les promesses des précédents romans. «La bavure» vient à point pour nous rassurer sur la forme de Jean-François Coatmeur, ce roman est un excellent thriller qui rappelle les meilleurs ouvrages des grands auteurs américains; remarquablement construit et écrit il possède de surcroit ce rythme qui est la marque des meilleurs romans noirs des années 50.

Ce livre est l’histoire d’un homme meurtri, solitaire et qui veut découvrir coûte que coûte qui a tué sa femme (dont il est séparé) et son fils qui a été le témoin involontaire du meurtre.
Cette «bavure» n’était sans doute pas prévue par l’assassin, on voulait se débarrasser de la jeune femme dont les activités journalistiques gênaient quelques hauts personnages en place.
Mais Albert Laugel se moque des gens en place. La vengeance est, pour lui, un plat qui se mange chaud et il décide de reprendre seul une enquête qui démarre mollement du coté de la police, celle-ci commençant d’abord par soupçonner Laugel ce qui le met dans une situation délicate.
Peut-on cependant reprocher aux enquêteurs leur premier mouvement ? Après tout Laugel et Liz sont divorcés et bien que séparés n’ont-ils pas passé une soirée ensemble et juste avant le double meurtre… et l’homme ne peut faire état que d’un alibi douteux ! En somme Albert Laugel est le seul à savoir qu’il n’a pas tué son ex-épouse et son fils.
Il ne lui reste plus qu’à mener de son coté, et avec de faibles moyens, une enquête serrée qui progresse lentement mais abouti à d’étonnantes découvertes… Chacune d’elles étant d’ailleurs marquées par de nouvelles morts violentes.

«La bavure» on le voit n’est pas un aimable divertissement, mais un suspense plutôt angoissant d’autant que J.F. Coatmeur pose sur le monde corrompu qui l’entoure un regard particulièrement lucide et féroce.
Et si la vengeance de Laugel est terrible elle ne le laisse pas intact.

Parce que nous l’avons attendu longtemps, le retour de J.F. Coatmeur doit être marqué d’une pierre blanche.

Michel Renaud

Le Dauphiné Libéré - 19mai 1980

Nouveau conte d'Hoffman - La bavure

Seul contre tous, c'est un schéma classique, mais Jean-François Coatmeur parvient à insuffler un souffle impressionnant à une figure un peu convenue du roman policier. Albert Laugel est alsacien et négociant en vins. Placer de l'edelzwicker auprès des bistrots quimpérois relève de l'exploit, mais Laugel est manifestement doué. Il profite de ses voyages en Bretagne pour revoir son ex-femme Liz, journaliste d'investigation dans une feuille locale, et son fils Sébastien, âgé de cinq ans. Quand Liz et son fils sont sauvagement assassinés, on soupçonne en priorité l'ex-mari, qui a tout intérêt à mener sa propre enquête, à la fois pour se disculper et se venger. Il bénéficie dans sa croisade de quelques soutiens inattendus, mais suscite une énorme animosité de la part de notables locaux soucieux de camoufler certaines de leurs frasques qui ont mal tourné. L'évocation de la bourgeoisie quimpéroise, qui rappelle par moments Que la bête meure, de Claude Chabrol, est particulièrement réussie, sans jamais tomber dans l'utilisation folklorique de la couleur locale (la chasse à l'homme sur la plage de Pentrez est un véritable morceau d'anthologie). Mais surtout un sens aigu de l'intrigue et une écriture toujours efficace font du roman de Jean-François Coatmeur un livre qui devrait toucher non seulement les amoureux de la Bretagne, mais tous les amateurs de suspense.

Gérard Meudal

Le Monde - 10 novembre 2000

Auteur

Auteur de romans policier, Grand prix de littérature policière en 1976 pour Les Sirènes de minuit (Édition Denoël)