« La porte de l'enfer », 1997- Albin Michel - Collection: Spécial suspense

La porte de l’enfer

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Une nuit de décembre, du coté de Morlaix, il pleut. Pierre le Dérouet et son fils se tuent en voiture. Accident ? C’est en tout cas la thèse officielle. Valois et Nathalie, son amie journaliste, intrigués par le passé trouble du mort, ne veulent y croire. Tout leur semble louche: les mensonges de la belle Génia, l’ex-femme de Pierre, les mystérieuses activités du baron Richard de Kergloff, son amant, la personnalité malsaine du sinistre Steinert, l’homme à tout faire de Kergloff. Sans avertir la police, Gilbert et Nathalie vont mener leur enquête. Une enquête qui les conduira au fin fond des marécages, dans les solitudes âpres des Monts d’Arrée, sur ces terres désolées où naissent les légendes les plus noires, les rumeurs les plus folles.

« La porte de l'enfer », 1999 - Le livre de poche

« La porte de l’enfer », 1999 – Le livre de poche

  • Albin Michel – Spécial suspense (1997)

Frissons dans la campagne bretonne

Qui a dit que les anglo-saxons étaient les rois du thriller ? Jean-François Coatmeur, Grand prix de littérature policière et prix du suspense, bat une nouvelle fois en brèche cette affirmation et confirme son art de faire frissonner le lecteur avec « Les portes de l’enfer ».
Une triste nuit de décembre, un garagiste de Morlaix et son fils trouve la mort sur une route mouillée de campagne. S’agit-il d’un banal accident, d’un suicide ou d’un meurtre ? Installé dans cette ville pour y écrire un de ses romans policiers, le célèbre écrivain Pierre Dérouet et son amie journaliste locale Nathalie doutent. La personnalité de l’ex-femme du garagiste et surtout de son amant, Richard de Kergloff, propriétaire d’un manoir perdu au milieu des marécages, les intriguent. Que se passe-t-il exactement dans la mystérieuse demeure ? Pourquoi le châtelain ordonne-t-il à un sinistre cerbère d’effectuer des rondes toutes les nuits ?
C’est moins l’intrigue que l’atmosphère de ce roman qui donne des sueurs glacées au lecteur. Jean-François Coatmeur y dépeint une Bretagne sombre, envoutante et maléfique. A ne pas lire les nuits de tempête si on est seul en pleine campagne et que l’on croit aux forces du mal.

I. G.

Yonne Républicaine - 22 novembre 1997

Coatmeur aux portes de l'enfer

Le dernier roman de Jean-François Coatmeur « La porte de l’enfer », raconte une traque policière. L’histoire fini dans les tourbières maléfique du centre Finistère. Mystère et angoisse garantis.

Un roman à lire un dimanche d’hiver quand le vent fait claquer les volets. Et attention à ne pas faire mourir le feu dans la cheminée car le frisson vous gagne. C’est si proche, Morlaix, où le romancier brestois Coatmeur campe son intrigue. Une nuit, un garagiste, que sa femme a quitté, se tue dans un virage à 120 à l’heure, entrainant son enfant dans la mort. Pourquoi cet accident, à cet endroit, à cette heure, en cette circonstance ?
Énigme. Un homme s’acharne à la dénouer, un auteur de polar, en villégiature dans la ville pour écrire un livre. Il suit une piste pavée de haine, de névrose et de légende. Elle le conduit quelque part entre Botmeur et Brénnilis, dans le chaudron infernal de marais infestés de sortilèges. Là, dans son mystérieux manoir, réside le baron Richard de Kergloff, flanqué de Steinert, un patibulaire majordome armé de deux chiens malinois. On aura compris que Kergloff est l’amant de la femme du garagiste, une femme devenue le jouet de son inépuisable et cruelle perversité.
Petit à petit, Jean-François Coatmeur dévoile un monde caché où le sexe, l’esclavage, le meurtre et la secte font bon ménage. Au-delà de quelques clichés (concessions à la loi du genre), l’écrivain finistérien réussi à dévider, avec ruse, une intrigue sinistre et captivante.

Georges Guitton

Ouest-France - 25 novembre 1997

Mystères bretons

En 1950, dans son célèbre petit pamphlet «La littérature à l’estomac», Julien Graq a bien montré que la réputation flatteuse dont jouissent certains écrivains ne tient souvent qu’à un ou deux livres mais qu’elle suffit à leur conférer une sorte de légitimité littéraire, quand bien même leur production ultérieure serait décevante. Les exemples abondent. Et il y en a beaucoup, ces dernières années, dans le monde du polar où, somme toute, il n’est pas difficile de devenir très vite sinon une vedette du moins un auteur consensuel.
Jean-François Coatmeur ne fait pas partie de cette engeance. Lui, tout au contraire, n’arrête pas pour ainsi dire de se bonifier d’un livre à l’autre, et on a même le sentiment qu’avec l’âge (il est né en 1925), la maturité et l’expérience ses œuvres prennent de plus en plus de poids et d’envergure. Son premier roman policier «Chantage sur une ombre», date de 1963. Mais ce n’est, semble-t-il, que depuis la parution de «La nuit rouge», en 1984, qu’il a trouvé sa vraie voie, ne serait-ce qu’en élargissant le volume de ses intrigues et en bâtissant des histoires beaucoup plus complexes. Et, dans le même temps, il a conquis un public qui ne se limite pas aux amateurs de polars et qui a permis à des romans tels que «Yesterday», «La danse des masques», «Des croix sur la mer» et «Des feux sous la cendre» d’être des beaux succès de librairie.
Tout indique que le dernier d’entre eux, «La porte de l’enfer», pourrait, lui aussi, le devenir. Comme presque toujours chez Coatmeur, on est ici en Bretagne, le pays qu’il ne se lasse pas de sonder et dont il connaît par cœur l’âme et l’esprit. Plus précisément, on se trouve dans les environs de Morlaix, sur une route où vient de se produire un accident de voiture qui provoque aussitôt la mort de deux personnes : Pierre Le Dérouet, un ancien garagiste, et son fils Stéphane âgé de dix ans. Un simple fait divers ? C’est ce que pensent les autorités locales mais Gilbert Valois, un écrivain parisien réputé de romans policiers, n’en est pas convaincu, et d’autant moins que, la veille du drame, il a pu parler avec Pierre Le Derouet et se rendre compte que son interlocuteur était des plus soucieux et, surtout, persuadé que son ex-femme, Genia, était membre d’une secte satanique. Aussi va-t-il la voir, ignorant que Genia a un amant, un personnage à la fois riche et bizarre qui vit dans un manoir mystérieux, entouré de marécages. Mais tout ce qu’il apprend d’elle, c’est que Pierre Le Derouet aurait été un être instable et plein de lubies, si ce n’est un homme au bord de la démence. Il n’empêche, Gilbert Valois ne baisse pas les bras. Et bientôt, en poursuivant son enquête, il commence à soupçonner l’amant de Genia dont le manoir serait le théâtre de sanglantes cérémonies…
«La porte de l’enfer» le confirme : Coatmeur est passé maître dans l’art de construire un récit par petites séquences successives qui font chacune alterner le vrai et le faux et qui tantôt jettent de la lumière sur l’intrigue, tantôt en accentuent les zones énigmatique. Et comme ce récit se développe également à partir de deux points de vue – celui, à la troisième personne, centré sur les faits et gestes de Gilbert Valois, et celui, à la première personne, constitué par le monologue de Genia -, on ne sait jamais trop quels sont les repères exacts de l’intrigue. En quoi, «La porte de l’enfer» apparaît bien comme le roman de toutes les équivoques et de tous les malentendus, et c’est là une des raisons essentielles pour lesquelles il est, d’un bout à l’autre, si captivant. Et puis, Coatmeur n’est pas un auteur à laisser son écriture battre de l’aile. Si parfois on sent qu’il en fait trop, qu’il affectionne les phrases et les expressions maniérées, on serait mal venu de lui en faire reproche. Avec lui, c’est sur, le polar de langue française est dans des mains extrêmement solides.

Alexandre Lous

Magazine littéraire - Décembre 1997

La porte de l'enfer

La « Porte de l’enfer » est un lieu-dit sur la lande bretonne dans les environs de Morlaix. Dans ce cadre exceptionnel, sur fond de manoir, de tourbières, de nuits de décembre glacées, de brouillard, de légendes et de mystères, l’auteur construit comme un puzzle, une intrigue policière à suspense savamment désarticulée, comme il en a l’habitude, entre les principaux personnages, dont un nous parle à la première personne.
Le talent de Jean-François Coatmeur est de pouvoir nous intriguer, puis nous passionner, avec une histoire à priori banale, la mort d’un paumé abandonné par sa femme et qui emmène leur fils avec lui dans une course folle au cours de laquelle sa voiture va s’écraser, tuant ses deux passagers. Un flic lambda, et un auteur à succès de romans policiers, aidé de sa petite amie, trouvent cependant le décès fort suspect, de même que la conduite de la veuve, manifestement très liée à un baron local qui semble organiser de curieuses activités dans son manoir, sur fond de secte et de satanisme. Donc, ils enquêtent, chacun à sa manière et avec ses moyens, suscitant des réactions brutales qui vont causer bien d’autres mortd… Finalement, mieux qu’un simple suspense, un grand roman d’atmosphère.

R. S.

Fire (Belgique) - Janvier-février 1998

La porte de l'enfer

S’il est un Breton dont la Bretagne peut et doit-être fière, c’est bien Jean-François Coatmeur, auteur de «La nuit rouge», «Yesterday», «La danse des masques», «Narcose», «Des feux sous la cendre» et aujourd’hui de «La porte de l’enfer»… Reconnu comme l’un des meilleurs auteurs français de thrillers, Jean-François Coatmeur situe cette fois l’intrigue de son nouveau roman du coté de Morlaix pour le début, avec la mort dramatique d’un père et de son fils dans un supposé accident de voiture. Une double disparition qui laisse seule une ex-femme, Genia, un peu trop belle et mystérieuse pour être honnête. Une ex-femme dont Valois, un auteur de polars exilé en Bretagne, et Nathalie, son amie journaliste, suivront les traces qui les mèneront dans un manoir de Kergloff. Kergloff, bourgade située comme chacun le sait à quelques petits kilomètres de Carhaix-Plouguer, Finistère pour les initiés ! Au cœur de ces landes brumeuses, de ces terres imbibées de légendes celtes, l’horreur s’est brutalement invitée. Pour un délire bretonnant à souhaits.

Nord Eclair - 10 janvier 1998

L'étrange Coatmeur

ean-François Coatmeur retrouve sa Bretagne natale, en hiver cette fois-ci et à Morlaix. Tel un magicien, avec lui les protagonistes d’un drame, dont il tire les ficelles, se mettent en place : un garagiste et son fils tués dans un accident de la route, son ex-femme et son amant, une journaliste locale et un auteur de romans policiers vieillissant venu travailler sereinement loin de Paris et des cocktails mondains. Justement, ce fait divers va donner l’occasion à notre écrivain de s’impliquer dans cette histoire et de faire quelques promenades édifiantes dans les Monts d’Arrée autour d’un château où il se passe de drôles de choses. Jean-François Coatmeur est un maître du mystère qui a les pieds sur terre. On croit qu’il va nous entraîner dans un roman fantastique et puis l’étrange fait place à la dure réalité des sectes. Comme toujours, c’est remarquablement écrit. Un petit chef d’œuvre qui n’a rien à voir avec un « triller ».

La Croix - 18 janvier 1998

L'enfer selon Coatmeur

Une écriture dense, plantée dans les brumes, landes et marécages du Centre Finistère, la dernière livraison de JF Coatmeur, maître du suspense est tout simplement époustouflante. «La porte de l’enfer» est digne des meilleurs thrillers anglo-saxons ; l’auteur y met la sauce, violence sourde, angoisse feutrée, oasis de tendresse, le lecteur ne résiste pas aux rets subtils tissés par maître Coatmeur.
Une nuit de décembre triste et pluvieuse, dans les environs de Morlaix, un homme se tue en voiture avec son fils de dix ans. S’agit-il d’un banal accident, d’un suicide ou encore d’un assassinat ? Autour du drame, planent de troubles histoires.
La mort du petit Stéphane et de son père, Pierre le Derouet aurait du n’être qu’une affaire classée, si Gilbert Valois, gloire parisienne du roman policier, attiré dans la région par les charmes d’une journaliste locale prénommée Nathalie, n’était venu y fourrer son nez. Tout semble louche : les mensonges de la belle Genia (ex-femme de la victime), les activités de l’élégant Richard de Kergloff, son amant, propriétaire d’un énorme et mystérieux manoir dans les mont d’Arre, en plein marécage, la personnalité du sinistre Steiner l’homme à tout faire du domaine et les étranges déclarations de Bois Maudit, le sympathique clochard qui ne déraille pas toujours autant qu’on veut bien le dire.
Valois et sa petite amie vont mener leur propre enquête, sans souffler mot à la police. S’en suit une ronde infernale, tout le monde court après tout le monde, une quête éperdue à la vie à l’amour…
Coatmeur sait à merveille faire «suer» ses paysages, on est ébloui par la sensualité de sa Bretagne : son récit est de plus posé sur une écriture très classique (monsieur fut prof de latin) et il prouve une fois encore que le thriller peut être une véritable esthétique du mystère.

S. N.

Le Courier Picard - 23 février 1998

Entretien avec Jean-François Coatmeur

Pourquoi avoir choisi une femme, héroïne du roman et que vous faites parler à la premier personne du singulier ?

Génia est l'un des personnages principaux du roman, à côté de Valois, Kergloff... Sa riche sensibilité est, un atout majeur pour le récit, et c'est l'emploi de la lère personne qui m'a paru le mieux convenir à une analyse poussée de son âme torturée.Je rappelle qu'à plusieurs reprises déjà j'ai osé m'immerger dans les abysses du cœur féminin expérience difficile et passionnante. (cf. par exemple l'Aude de "La nuit rouge" et la Patricia de " Narcose".)

Il semble qu'il y ait beaucoup de vous en Valois ?

Oui et d'abord parce qu'il est comme moi écrivain et qu'il exprime des points de vue qui me sont personnels, ma conception, entre autres, du roman policier et de ses avatars. Mais je suis aussi présent dans Génia, dans Steinert, même dans Kergloff.

Kergloff, pour les non initiés et les autres, existe-t-il vraiment tel que vous le décrivez ?

Si vous parlez de l'homme, il est surtout pour moi l'incarnation du mal. Si vous faites allusion au manoir, c'est un lieu de pure imagination, inséré dans un décor authentique.

En analysant, après avoir lu le livre, il m'a semblé que globalement, même si l'énigme est très présente, vous accordiez plus d'importance au comportement et aux états d'âmes des personnages qu'à l'énigme en elle-même.

Sans doute. Dans cet ouvrage, comme dans les autres, les personnages sont prioritaires. Je traite rarement l'énigme pour l'énigme.

On ne connaît qu'à la fin les agissements du comte de Kergloff mais j'ai été, pas déçu, mais insatisfait, comme un goût d'insuffisant devant l'énigme de Kergloff. J'aurais aimé plus de mystique, de détails, d'explications en fait.

J'enregistre votre sentiment. Je croyais avoir suffisamment élucidé le mystère, dans les limites toutefois, que je m'impose, de la rigueur dramatique. Je déteste les interminables explications finales, qui sont les parties mortes d'un roman policier. Exemple, les cinquante dernières pages du livre " Les rivières pourpres " de J.C. Grangé.

Pourquoi faire mourir un enfant ? Est-ce pour choquer ?

Pour choquer, quelle idée ! Mais des enfants, hélas, meurent aussi chaque jour. L'enfant est la victime innocente par excellence, et, après mon maître Thomas Narcejac, je conçois le suspense avant tout comme le roman de la victime.

Y-a-t-il un message dans votre livre concernant les sectes ?

Il s'agit ici d'une secte très particulière, réunissant quelques viveurs fortunés. Si "message" il y a, il est toujours le même (cf. par ex. mon livre "La Bavure") : l'argent est corrupteur.

Vous avez fait passer Kergloff comme quelqu'un qui sait se maîtriser et sait manipuler. Vous semblez vous rattachez à une description populaire des " gourous " de secte. Est-ce exprès ?

Dans les sectes il y a les gourous et les gogos. Kergloff utilise à son profit les appétits jouisseurs de quelques nantis dépravés.

Pour la conception de ce livre, vous avez dû pal mal bouger dans votre département pour décrire aussi bien Morlaix et ses environs !

Comme pour mes autres livres, oui, j'ai effectué avec sérieux repérages et études de milieux. Morlaix et le Yeun Elez m'étaient assez familiers ? j'ai affiné mes connaissances.
Pour terminer, votre livre m'a donné envie d'aller découvrir les coins de Bretagne que vous décrivez si bien dans votre livre !

Merci, c'est pour l'auteur la plus belle des récompenses...

Quelles vont être vos prochaines parutions au format poche dans le courant de l'année ?

En avril, réédition de " Ballet Noir" au "Livre de Poche". En mars, sans doute, reparution à Liv'Editions" de "J'ai tué une ombre sorti précédemment chez "Denoël".

Propos recueillis par Benjamin Duquenne

Bibliopoche.com - 2000

Auteur

Auteur de romans policier, Grand prix de littérature policière en 1976 pour Les Sirènes de minuit (Édition Denoël)